Va naître un amour impossible [Pv Rivy]

La vie. Comment la définir ? Comment expliqueriez-vous à un nouveau-né le sens du mot "vie" ? La vie est un phénomène biologique, qui va de la naissance à la mort. Ce phénomène biologique nous permet de grandir, nous épanouir, ressentir, haïr, aimer. Surtout, aimer. L'amour est indispensable. L'amour est un sentiment si fort qu'on ne peut le contrôler. Il rend heureux, il fait très mal aussi. Il est imprévisible. En effet, on ne peut pas savoir qui va être la personne pour qui notre cœur va chavirer. Et lorsqu'on se rend compte qu'on aime cette personne à la folie, il est souvent trop tard, ou alors on se rend compte que notre amour est impossible.

La solitude rongeait mon cœur. Depuis de nombreuses lunes. La solitude, un état d'une personne qui est seule, qui est désespérée, qui ne sait plus quoi faire. Une solitude morale tellement intense... je me sentais réellement désemparée, et je savais que rien ne pourrait me faire sortir de cette monstrueuse solitude.

Je traînais souvent à la frontière de mon territoire, sans but précis. Enfin, c'est ce que je voulais faire croire aux membres de mon Clan. En mon for intérieur, j'espérais rencontrer quelqu'un d'un autre Clan. Je savais que ma solitude me rongeait tellement le coeur, que seul un membre d'un autre Clan pourrait m'en faire sortir. J'avais tout essayé avec les chats de mon Clan.

Le problème, c'était que pour les chats des autres Clans que le mien, j'étais une cheffe folle. J'étais somnambule, et donc je traînais parfois sur mon territoire et même celui des autres sans savoir pourquoi, et sans jamais m'en souvenir. A chaque Assemblée, je démentais ces intrusions, mais il y avait toujours ddes tonnes de témoins et je semblais bien stupide. Je disais parfois des phrases que personne ne comprenait. Les chats de mon Clan pensaient que j'étais une envoyée du Clan des Étoiles, un cadeau, et que c'était un honneur pour eux de m'avoir comme cheffe. Les autres, eux, ne le voyaient pas comme ça. Ils soutenaient simplement que j'étais folle à lier et qu'il fallait au plus vite me transférer à la tanière des anciens. Et du coup, tant que j'étais à sa tête, le Clan du Tonnerre paraissait faible. Une cheffe folle ne peut pas prendre les bonnes décisions stratégiques pour son Clan. Les attaques étaient plus fréquentes qu'au début de mon "règne", si l'on pouvait l'appeler comme ça. Mais heureusement, elles allaient bientôt cesser car la Mauvaise Saison arriverait, et les Clans ne seraient pas assez stupides pour déclencher une guerre alors qu'ils n'avaient déjà pas assez de gibier pour leurs guerriers.

Ainsi donc, ce jour-là, je traînais près des Quatre Chênes. C'était un meilleur endroit pour espérer rencontrer quelqu'un, plutôt qu'à mes frontières. Il y avait plus de monde qui y passait, et je pouvais rencontrer quelqu'un du Clan du Vent. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine lorsque je sentis l'odeur du Clan de la Rivière. Enfin, j'aurais quelqu'un à qui parler ! Avec un peu de chance, ce serait un apprenti un peu apeuré à qui je pourrais parler tout en étant supérieure à lui.

Je m'approchai et laissai volontairement ma queue traîner à la vue du chat qui était là. Je n'arrivais pas à voir qui il était car des buissons me cachaient la vue. Soudain, une voix douce retentit :

« Besoin d'aide ? »

Je fus agréablement surprise. C'était Solstice de la Nuit, le lieutenant. Je l'aimais bien, même si je ne le connaissais pas vraiment, il me semblait être un brave chat. Je sortis hors de ma cachette et m'assis en face du mâle. Il avait été visiblement occupé à ramasser du glouteron pour sa guérisseuse puisque des plants traînaient à ses pieds. Je vis pour la première fois son pelage à la lumière du jour - je ne l'avais vu qu'aux Assemblées, et constatai en rougissant intérieurement qu'il était incroyablement beau, avec son pelage noir. Il était mon opposé complet, car j'avais un pelage complètement blanc, mais c'était drôle, après tout, qu'on se retrouve ainsi, aux Quatre Chênes.

- Tout va bien chez moi, mentis-je.

Non, tout n'allait pas bien. Mais ça, personne ne devait le savoir.

- Tu fais le larbin pour ta guérisseuse à ce que je vois ? fis-je avec un léger rire.

Je n'étais pas réputée pour mon sens de l'humour, mais tant pis, pour une fois que j'essayais de détendre l'atmosphère...